Frontex fête ses dix ans:
Un rémède pire que la maladie

L'expertise concluante de Lorraine Kibibiro, dont Merkel,
Hollande, Junker, Le Pen et Pegida se seraient bien passés



Andrés Pérez
OJALA/SanchoPanzaLab
Paris, janvier 2016

Dix ans d'existence réelle et opérationnelle de Frontex prouvent que, au regard même des objectifs que les tenants du contrôle migratoire se sont officiellement fixés, l'agence non seulement est chère et inefficace, mais produit elle même l'aberration migratoire, et éloigne l'UE tant de ses objectifs en matière migratoire, comme de ses valeurs et principes fondamentaux.


Frontex, l'agence européenne créée afin de "promouvoir, coordonner et développer la gestion des frontières européennes, en ligne avec la charte des droits fondamentaux de l'UE, appliquée au concept de gestion intégrée des frontières", fête en 2016 ses dix ans, sa première décennie d'existence.

Non pas qu'elle fût créée en 2006. Non, ce fût en 2004, son installation officielle. Mais nous laissons les festivités de 2014 aux puristes de la chose formelle de l'Union. Car un autre anniversaire est plus éclairant: 2016. C'est il y a exactement dix ans, en 2006, que Frontex se confrontéxa, pour ainsi dire, à sa première véritable épreuve de feu: Freiner la vague des cayucos, ce flot d'arrivées de migrants, notamment d'Afrique Noire, à bord des pirogues sénégalaises du même nom, jusqu'aux Canaries, qui s'est produite cette année là.

Soyons gentils avec Frontex, la petite créature pondue par nos chers dirigeants, encore en âge de tendresse. Oublions le côté infâme de vouloir plutôt la noyade des personnes que le sauvetage. Oublions le côté inhumain de vouloir sans gêne aucune piller la matière grise des pays du Sud ("directive carte bleue", ce n'est pas une blague), tout en refoulant les humains qui n'ont aucun capital.

Oublions aussi la laideur et la lâcheté des grilles, barbelés, concertinas et autres miracles d'architecture militaire et carcérale, sortis du savoir de la haute fonction publique euro-orthodoxe à destination des humains qui cherchent du travail et une vie meilleure.

Soyons gentils: Mettons, le temps d'une lecture, que nos chers dirigeants ont raison. Que fermer les frontières, les surveiller et expulser, est la seule manière de nous protéger de on ne sait pas quelle invasion.

Mais alors, dans ce cas là, le nombre de "entrées irrégulières" aurait dû baisser en dix ans de Frontex.

Or, il augmente exponentiellement.

Restons néanmoins tout à fait gentils:



Mettons, le temps d'une lecture, que, comme l'affirment certains des derniers textes officiels de l'UE, le but est de "détecter, de prévenir et de combattre l'immigration illégale et la criminalité transfrontalière (...) et de contribuer ainsi à assurer la protection de la vie des migrants et à leur sauver la vie"
(Réglement n. 1052/2013 du Parlement et du Conseil du 22/10/2013).

Mais alors... l'immigration "illégale" aurait dû considérablement se réduire en une décennie d'action fracassante, la criminalité baisser, et les vies seraient aujourd'hui protégées par des routes d'immigration plus sûres. Or c'est le contraire qui est arrivé. Aux Canaries et le Détroit de Gibraltar a suivi la route d'immigration moins sûre, plus criminelle, par l'intérieur des terres et par la Libye. Puis celle-ci ayant été cadenassée à son tour par Frontex, une autre route massive s'est ouverte plus à l'est: Par la Turquie et les îles grecques.

Donons encore une chance au satané rejeton: mettons, pour un instant, que le but réel de nos chers dirigeants avec le contrôle migratoire est de "renforcer la lutte contre la traite des êtres humains et la criminalité organisée" (Communiqué de presse de la Commission Européenne, 4/12/2013, suite à la "tragédie de Lampedusa"). Mais alors, dans ce cas là, les gangs de l'immigration auraient été réduits et neutralisés.

Or, c'est le contraire qui est arrivé, dans la décennie de vie de Frontex. Les gangs ont prospéré.

L'étude de Lorraine Kibibiro sur les effets aberrants de Frontex et du Pacte Européen de l'Immigration

L'étude de Lorraine Kibibiro, que nous publions ici, est le résultat du travail de fin d'études de cette diplômée en Communication et Politique Européennes (CPE) par l'IHECS, à Bruxelles.

D'une manière systématique, Mme. Kibibiro tire au clair les dispositifs légaux, parfois difficilement compréhensibles, de l'UE en matière migratoire. Elle le fait, avec la bonne trouvaille qui consiste à fuir l'urgence permanente --dans laquelle semblent naviguer nos chers dirigeants-- pour se concentrer sur les principes et objectifs que les institutions elles-mêmes se sont donnés officiellement, sur une période donnée.

Ainsi, ce n'est pas le flot constant de mesures soi-disant prises à chaud et d'annonces vagues des dirigeants qui sont analysées. Bien au contraire: c'est très exactement une période précise --le rôle de Frontex pendant 10 ans, dont le cadre réglementaire du Pacte Européen de l'Immigration 2010-2014-- qui est passé à la loupe.

Puis, Mme. Kibibiro analyse systématiquement les différentes actions, et leur impact sur les routes migratoires, sur la dangerosité de celles-ci, sur leur évolution géographique, et sur le nombre d'entrées.

Un constat lumineux en ressort: Les politiques de contrôle migratoire mises en place non seulement sont coûteuses, mais elles sont inefficaces et aussi nous éloignent de l'objectif publiquement affiché.

Pire: elles constituent un cas d'école de l'aberration en politiques publiques. L'on maintient en vie, en matière migratoire, un appareillage digne d'un pompier pyromane.


Pour visualiser ou télécharger un résumé de l'étude de Lorraine Kibibiro:

Frontex: un remede pire que la maladie

Pour obtenir la totalité de l'étude, contactez

andres/at/sanchopanza.eu


* Le texte de présentation publié sur cette page web n'engage que la rédaction de OJALA/SanchoPanzaLab, et aucunement Mme. Kibibiro, responsable uniquement de l'étude signé par elle même.





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